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Biodiversité, no(s) futur(es)

À travers douze nouvelles et une narration atypique qui permet une lecture à plusieurs niveaux, Biodiversité : No(s) futur(es) nous invite à retracer l’incroyable trajectoire du vivant et à enrichir nos imaginaires sur la Nature ainsi que sur notre manière d’habiter le monde.

 

Le lecteur suit Sécotine Fluet, une chercheuse en philosophie des sciences du vivants, de sa naissance à 2050. À travers des sauts dans le temps, à rebours et dans le futur explorez les relations entre l’humanité et la biodiversité. 

 

Fondées sur des constats scientifiques authentiques, les auteurs et auteures y mêlent la fiction pour les ancrer dans le réel. Nous incitant ainsi à changer nos visions du monde. Ces douze nouvelles sont autant d’alertes pour une prise de conscience collective et massive et pour un changement transformateur de nos habitudes de vie afin de renouer des liens avec le reste des vivants et cesser de détruire notre maison commune.

 

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Azote réactif : le baiser du diable
Par Hélène Soubelet

 

La synthèse chimique des engrais azotés a permis une augmentation des rendements agricoles et le développement d’une agriculture intensive. Mais cette avancée, présentée longtemps comme un progrès, a été accompagnée d’effets secondaires insidieux et irréversibles, sur les écosystèmes, la biodiversité, les humains. En 2011, un très gros rapport scientifique a alerté la communauté internationale, ses constats étaient accablants. Mais l’inertie générale, les intérêts particuliers trop forts ont enrayé les mécanismes qui auraient permis de trouver des solutions durables pour éviter le pire et empêcher le déséquilibre du cycle biologique de l’azote. Y aura-t-il un sursaut en 2050 ?

 

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La pêche atteint les profondeurs mais la conservation marine reste superficielle

L’océan est un milieu tridimensionnel comportant une importante dimension verticale, la profondeur, qui structure des écosystèmes uniques et des usages humains spécifiques. Cependant, les outils de gestion et de conservation marine sont dominés par une représentation bidimensionnelle de l’océan, qui néglige cette stratification verticale. Si cette représentation réductionniste de l’océan était compatible avec des usages humains principalement côtiers, l’expansion de l’empreinte humaine vers la haute mer et l’océan profond nécessite une nouvelle approche prenant en compte cette complexité verticale. La prise en compte de la profondeur de l’océan est particulièrement importante étant donné les nouveaux objectifs des accords de Montréal-Kunming, notamment celui d’atteindre 30 % de couverture de protection marine d’ici 2030, ainsi que le récent traité international pour la gestion de la biodiversité en haute mer.

 

Dans ce contexte, des chercheurs du Criobe et de l’Université de Washington ont développé une nouvelle approche pour évaluer la distribution des impacts humains et des efforts de conservation à travers les trois dimensions de l’océan : latitude, longitude et profondeur. Pour ce faire, une typologie des principales unités écologiques à travers les profondeurs (Figure 1) est surimposée à une typologie bidimensionnelle des écorégions marines pour définir des écorégions tridimensionnelles.

 

Figure 1 : Profondeur atteinte par les activités de pèche par type d’engins. La profondeur des pictogrammes représentant chaque engin indique la profondeur maximale où ces engins opèrent.

 

À l’aide de cette nouvelle typologie, l’équipe a évalué la distribution tridimensionnelle mondiale des efforts de conservation et des activités de pêche, qui constituent aujourd’hui la principale pression humaine directe sur les écosystèmes marins. Les analyses s’appuient sur des bases de données publiques, telles que le Global Fishing Watch pour les activités de pêche, le World Database on Protected Area pour les efforts de conservation et le GEBCO pour les données bathymétriques.

 

Les résultats ont révélé que les différentes profondeurs de l’océan, qui correspondent à des écosystèmes uniques, bénéficient d’efforts de conservation très disparates. Alors que les écosystèmes les moins profonds (0 à 30 m) sont les mieux protégés, les écosystèmes plus profonds, notamment le mésophotique (30 à 150 m), le rariphotique (150 à 300 m) et les abysses (3500 à 6000 m), n’ont toujours par atteint l’objectif de 10 % de couverture de protection fixé par la Convention sur la diversité biologique (CDB) et qui aurait dû être atteint depuis 2020. Par contraste, l’empreinte 3D des activités de pêche s’étend à travers toutes les profondeurs, avec notamment 37 % des activités mondiales de pêche opérant dans l’océan profond, en-dessous de 300 m.

 

D’autre part, les résultats démontrent que les efforts de conservation sont disproportionnellement dirigés vers les aires où le moins d’activité de pêche ont lieu, un phénomène d’évitement dénommée ” conservation résiduelle “. Autrement dit, les aires les plus impactées par les pressions humaines demeurent le plus souvent sans protection. De plus, les aires marines de protection forte, où les régulations d’extraction sont strictes, et qui fournissent les bénéfices écologiques les plus importants, sont sous-représentées dans toutes les écorégions et à toutes les profondeurs, avec seulement 1,4 % de couverture à l’échelle mondiale.

 

Les faiblesses du réseau mondial d’aires marines protégées soulignées par cette étude appellent à une représentation plus holistique de l’océan, prenant en compte sa structure verticale et les processus complexes de connectivité reliant le pélagique au benthique. Améliorer la représentation écologique à toutes les profondeurs, augmenter la couverture de protection forte, et prioriser les zones les plus impactées par les usages humains doivent constituer la priorité des stratégies de conservation à l’échelle nationale et mondiale.