Dans le cadre mondial de la biodiversité, l’intégrité, la connectivité et la surface des écosystèmes sont étroitement associées. Cela suppose de mieux relier les écosystèmes dits « naturels » et ceux dits « gérés » : les uns doivent être maintenus ou restaurés au-delà des aires protégées et la diversité biologique doit être privilégiée dans les autres.
Cela nécessite de savoir qualifier l’état actuel des écosystèmes, d’évaluer leur dégradation, de définir l’état et les conditions vers lesquels tendre, puis de définir les mesures de gestion qui permettent d’y parvenir.
Cette « Expertise et synthèse » présente d’abord l’intégrité des écosystèmes comme une approche applicable à tous les écosystèmes ; elle discute ensuite cette notion au regard des pressions anthropiques et des changements globaux puis évoque quelques perspectives d’utilisation et limites.
Les messages-clés
- L’Objectif A de Conservation du cadre mondial de la biodiversité, pose que « l’intégrité, la connectivité et la résilience de tous les écosystèmes sont maintenues, améliorées ou restaurées, ce qui accroît considérablement la superficie des écosystèmes naturels d’ici à 2050. »
- L’intégrité d’un écosystème peut être caractérisée sur trois dimensions : la structure (configuration du vivant et de l’environnement), la composition (constituants biologiques), la fonction (flux et interactions écologiques). Ces composantes varient dans l’espace et le temps en fonction du climat, de la géologie, de la topographie, des activités humaines, etc.
- Dans une approche « anthropocentrée », l’intégrité des écosystèmes voisine la notion de « durabilité », de conservation des écosystèmes et de fourniture, à long terme, de services écosystémiques ou de contributions de la nature aux humains. Dans une approche « écocentrée », elle met l’accent sur la valeur intrinsèque de la biodiversité et le caractère affranchi de pressions anthropiques.
- Le cadre mondial pour la diversité biologique vise, d’ici à 2030, à ce qu’au moins 30 % des zones terrestres, des eaux intérieures, des zones côtières et marines, soient effectivement conservées et gérées. S’il est préconisé de mettre en place des systèmes d’aires protégées pour y parvenir, les écosystèmes anthropisés ne doivent pas être négligés du fait des surfaces, pressions et services associés.
- Une étude récente préconise que les habitats natifs atteignent au moins 20 % de la superficie des écosystèmes gérés, notamment agricoles, pour obtenir un effet positif sur la production.