L’échec du dissensus est essentiel pour que l’écologie scientifique influence les politiques de développement
Référence de l’article : Norberg J., Blenckner T., Cornell S.E., Petchey O.L. & Hillebrand H. (2022). Failures to disagree are essential for environmental science to effectively influence policy development. Ecology Letters. 25(5), 1075-1093 https://doi.org/10.1111/ele.13984
Auteure : Hélène Soubelet, directrice de la FRB
Les débats scientifiques, les controverses et même les conflits sont nécessaires à la démarche scientifique et à l’acquisition de connaissances. Cependant, le verrouillage des débats peut non seulement bloquer le progrès scientifique mais il peut également réduire de manière significative l’utilité de la science pour la prise de décision.
La falsification des hypothèses et le changement de paradigmes sont deux des nombreux modèles qui expliquent la manière dont les théories, les expériences et les observations façonnent la compréhension. Cependant, l’écologie a également une histoire de débats verrouillés, dans lesquels les positions se figent et la progression vers un consensus consolidé est entravé, voire empêché, par l’absence de discours efficace et synthétique.
Les conséquences néfastes du verrouillage des débats en écologie et, plus largement, des sciences de l’environnement dépassent le cadre universitaire car les dissensus ont un impact sur la prise en compte de la connaissance scientifique dans l’élaboration des politiques environnementales qui font intervenir de multiples disciplines et parties prenantes. Pourtant, l’essor récent des plateformes scientifiques et politique d’évaluations et de synthèse, telles que le Giec et l’Ipbes, devraient améliorer le transfert des résultats scientifiques vers les décideurs, l’élaboration d’avis et faciliter leur transformation en réglementations, en objectifs et actions de gestion. Lorsque des désaccords scientifiques atteignent l’arène sociétale, ils peuvent nuire à la fois à la crédibilité scientifique et à la diffusion de la connaissance. Lewandowsky et al. (2021) a ainsi démontré que l’acceptation de la science comme moteur de la politique – et l’acceptation des politiques elles-mêmes – augmentent si les déclarations scientifiques sont consensuelles.
L’objet de cette publication est d’examiner les débats non consensuels en écologie, d’identifier pourquoi ils se produisent et de trouver des mécanismes pour en sortir.