Programme phare de la FRB, le Cesab (Centre de synthèse et d’analyse sur la biodiversité) est une structure de recherche au rayonnement international dont l’objectif est de mettre en œuvre des travaux innovants de synthèse et d’analyse des jeux de données déjà existants dans le domaine de la biodiversité. Deux fois par an, le Cesab publie une newsletter répertoriant les différentes actions des groupes de travail et ses événements.
Un mot de Nicolas MOUQUET, directeur scientifique du Cesab
Gauche : graphe représentant le nombre de groupes hébergés au Cesab et les appels à projets annuels. Droite : cumuls des financements sécurisés depuis 2019.
L’année 2022 aura été particulièrement faste pour le Cesab. Elle a été à la fois…
Année de la maturité. Après le déménagement à Montpellier en 2019, nous avons exploré de nombreux formats pour les groupes de synthèse avec de nouveaux partenaires. Cela nous a permis d’augmenter considérablement le nombre de groupes actifs passant de huit groupes en 2019 à 28 en activité prévus pour 2023. Nous sommes maintenant occupés à consolider notre modèle pour équilibrer cette belle dynamique.
Année du redémarrage des réunions en présentiel. La pause forcée de la « séquence » Covid nous a permis d’améliorer notre capacité à accompagner nos groupes dans le travail à distance, mais aussi d’en mesurer les limites. La synthèse est une histoire humaine avant tout, faite de contacts et d’imprévus qui seuls peuvent se produire quand les groupes se réunissent en présentiel et vivent ensemble durant une semaine !
Année du renouveau, avec la constitution d’un nouveau comité scientifique pour le Cesab qui a très rapidement été mis à contribution pour accompagner et évaluer les appels à projets en cours.
Enfin, année de l’expérimentation avec la mise en place d’un nouveau type d’appel à projets, le DataShare, qui se focalise sur l’assemblage des bases de données de biodiversité et est voué à être reconduit en 2023.
Je suis certain que 2023 sera une année charnièrelors de laquelle nous franchirons encore une étape dans notre développement, avec des initiatives déjà en préparation et, je l’espère, la concrétisation d’un appel commun entre centre de synthèse soutenu par Biodiversa+.
Depuis quatre ans que le Cesab s’est installé à Montpellier, ce sont plus de 6 millions d’euros que nous avons réussi à mobiliser pour la synthèse de données sur la biodiversité, permettant à 474 chercheuses et chercheurs de travailler dans les meilleures conditions possibles.
En plus de l’accueil des groupes de synthèse, nous organisons au Cesab trois formations annuelles qui ont profité jusqu’à présent à 115 doctorant·e.s et post-doctorant·e.s. En 2023 nous y ajouterons une nouvelle formation sur l’intelligence artificielle et la biodiversité.
Cette effervescence est possible grâce au soutien sans faille des membres fondateurs de la FRB et plus largement de ses administrateurs, de nos partenaires, ainsi que grâce à l’équipe FRB dédiée au Cesab qui démontre chaque jour que professionnalisme et efficacité peuvent rimer avec bienveillance et décontraction ! Je les remercie ici profondément pour ce qu’ils apportent au Cesab et à la communauté scientifique travaillant sur la biodiversité en général.
Au premier semestre 2023, le Cesab ne désemplit pas. Au programme notamment :
Une quinzaine de groupes de recherche vont se succéder d’ici l’été ;
La 2e édition de la formation en partenariat avec le GDR TheoMoDive se déroulera du 3 au 7 avril (voir dans “zoom formations”, ne ratez pas l’ouverture des inscriptions qui se fera sur cette page) ;
Le comité scientifique du Cesab se réunira en plénière en mars ;
Une réunion interconsortium du Challenge IA Biodiv est prévue en avril.
Cinq nouveaux projets démarreront en 2023, portant à 28 le nombre de projets en cours cette année :
3 projets d’une durée de trois ans, sélectionnés dans le cadre de l’appel blanc 2022:
Bioforest
Redistribution de la biodiversité : une approche macro- et éco-évolutive de la vulnérabilité des espèces aux changements globaux.
Porteurs de projet : Marielos PEÑA-CLAROS (Université de Wageningen, Pays-Bas), et Camille PIPONIOT (Cirad, France)
Food-Webs
Réseaux alimentaires dans l’Anthropocène : une synthèse des isotopes stables pour comprendre la réponse globale des écosystèmes d’eau douce.
Porteurs de projet : Julien CUCHEROUSSET (CNRS, France), et Michelle JACKSON (Université d’Oxford, Royaume-Uni)
Rivage
Revisiter la vulnérabilité des îles à l’ère géologique de l’Anthropocène.
Porteurs de projet : Céline BELLARD (Université Paris-Saclay, France), et Daniel KISSLING (Université de Amsterdam, Pays-Bas)
2 projets d’une durée de deux ans sélectionnés dans le cadre de l’appel DataShare 2022, en partenariat avec Biodiv’Oc et labEX TULIP :
Islets
Synthèse des traits écophysiologiques des plantes insulaires.
Porteurs de projet : Kasey BARTON (Université de Hawaii, États-Unis), et Claire FORTUNEL (IRD, France)
Phenofish
Création d’une base de données mondiale sur les traits fonctionnels des poissons : intégrer la physiologie et l’écologie au sein des différents écosystèmes aquatiques.
Porteurs de projet : Sébastien BROSS (Université de Toulouse, France), et Nicolas LOISEAU (CNRS, France)
Partenariat :
L’Institut Canadien d’Ecologie et d’Evolution (ICEE) et le Cesab sont heureux d’annoncer la prochaine ouverture d’un appel conjoint permettant à des chercheuses et chercheurs basés au Canada (hors Québec) de participer à des réunions de groupes de travail organisées au centre de synthèse Cesab à Montpellier, en France. Le financement de cette initiative est gracieusement assuré par l’Ambassade de France au Canada.
L’équipe FRB dédiée ay Cesab compte à ce jour 14 personnes :
Cécile THIAUCOURT a rejoint l’équipe en fin d’année afin de prendre la suite des missions communication de Marie-Claire DANNER, toujours basée à Montpellier, mais désormais mmobilisée sur d’autres missions FRB.
Autour de l’équipe permanente gravitent actuellement sur le site montpelliérain :
6 post-doctorants : Jonathan BONFANTI, Brunno OLIVEIRA, Aurore RECEVEUR, Erica RIEVRS BORGES, Devi VEYTIA, et Cathleen PETIT qui vient tout juste de rejoindre l’équipe sur le projet Spatman.
2 ingénieures de recherche sur le projet Parsec : Marie ORBLIN (sous contrat auprès de l’Université de Montpellier) et Marieke SCHULTZ
Une stagiaire de l’Université canadienne McGill accueillie en marge du projet Bioshifts : Nikkie MOORE
Les rejoindront dans les semaines qui viennent :
Camille COUX, qui prendra la suite de Laura MANOCCI et viendra renforcer l’équipe data-Sciences aux côtés de Nicolas CASAJU
Etienne FORT, stagiaire pour 6 mois auprès du projet Maestro, co-financé par France Filière Pêche (FFP)
Le.la post-doctorant.e du projet Acoucène en cours de recrutement
A noter enfin, la prise de poste toute récente de deux post-docs hors site:
Stéphanie D’AGATA pour le projet Blue Justice, basée à Brest
Et Kévin HOEFFNER pour le projet Landworm, basé à Rennes
Dans le sens des aiguilles d’une montre, Jonathan BONFANTI, Erica RIEVRS BORGES, Marieke SCHULTZ, Nikkie MOORE, Aurore RECEVEUR, Marie ORBLIN.
Cette formation de cinq jours, organisée en partenariat avec le GdR TheoMoDive, a pour objectif de former de jeunes chercheurs et chercheuses aux techniques de modélisation de données écologiques basées sur la théorie.
La seconde édition se déroulera du 3 au 7 avril 2023 au Cesab à Montpellier. La formation sera dispensée en anglais et le nombre de places est limité.
Pré-inscriptions ouvertes !
Clôture des pré-inscriptions : 08 février 2023, minuit (CET)
Octobre: La synthèse des connaissances sur la biodiversité : introduction aux méta-analyses et revues systématiques :
Cette formation de cinq jours, organisée en collaboration avec les participants de deux groupes de revues systématiques (InDySEMet Agri-TE), s’est déroulée du 3 au 7 octobre 2022 au Cesab, et a formé 15 chercheurs et chercheuses aux techniques de méta-analyses et des méthodes des revues/cartes systématiques appliquées au domaine de la biodiversité.
Cette formation sera renouvelée en octobre 2023 et les préinscriptions ouvriront en mai 2023.
Organisée en partenariat avec le GdR EcoStat, cette formation a pour objectif de former de jeunes chercheurs et chercheuses aux outils de reproductibilité, de développement logiciel et de gestion de versions (R, git, quarto, renv, docker, etc.) appliqués à la recherche en biodiversité.
Sa première édition s’est déroulée du 28 novembre au 2 décembre 2022 au Cesab à Montpellier et a réuni 19 participants. Elle sera renouvelée en novembre 2023.
Sur les 24 projets en cours, 11 groupes se sont réunis entre mi-septembre et mi-décembre 2022 dans les locaux montpelliérains.
29 septembre 2022 : Journée Portes ouvertes
Les membres du Conseil scientifique de la FRB, de son Conseil d’administration, de son Assemblée des parties prenantes et du comité scientifique dédié au Cesab ont été invité.e.s à une journée d’échanges entre acteur.rice.s et chercheur.euse.s sur la synthèse de données et de connaissances en réponse aux défis de la recherche sur la biodiversité. Cette journée a réuni 45 personnes, entre les locaux historiques de la faculté de médecine et les locaux du Cesab. Les participant.e.s ont pu assister à une présentation du Cesab et des projets de synthèses financés par la FRB via le Cesab, puis participer à des ateliers sur la recherche et la synthèse de données et de connaissances : pourquoi cherche-t-on encore ? à quoi sert la synthèse ? comment analyse-t-on des données ? pourquoi soutenir la recherche ?
Cette Journée a également été l’occasion de présenter le Cesab et ses activités à la presse locale.
27 octobre : le Salon national des professionnels de l’écologie et de la biodiversité Marie-Claire DANNER, alors chargée de communication dédiée au Cesab, a participé au Salon qui se tenait à Montpellier pour présenter les actions de la FRB.
22 novembre : les résultats du groupe de travail Red-Bio ont été présentés à la conférence SFE2/GFO à Metz.
Renato LIMA, ancien post-doctorant du groupe SynTreeSys au Cesab, et maintenant professeur assistant en écologie à l’université de Sao Paulo au Brésil, a participé au lancement d’une nouvelle base de donnée sur la biodiversité amazonienne. Ses travaux dans le cadre de SynTreeSys sont mentionnés dans la presse.
Enfin, l’année 2023 a commencé sur les chapeaux de roues au Cesab, avec une formation QGIS organisée par Marieke SCHULTZ et Marie ORBLIN – géomaticiennes au sein du projet Parsec – qui s’est déroulée le jeudi 05 janvier et a réuni une douzaine de participant.e.s.
Aurore RECEVEUR, lauréate du prix Jeunes Talents France L’Oréal-Unesco 2022, et post-doctorante FRB-Cesab, revient avec nous sur ses recherches.
Sur quoi portent tes recherches ?
Je travaille en écologie marine et sciences halieutiques : sciences qui s’intéressent aux espèces de poissons qui sont exploitées par les humains. Mes recherches ont pour objectif général un usage durable des espèces marines et un appui à leur gestion et conservation. En ce moment je travaille notamment sur la prédiction des effets du changement climatique sur la biodiveristé des espèces de poisson en Europe.
Ce projet se concentre sur les espèces démersales, c’est-à-dire les espèces qui vivent au fond de la mer comme la morue, la sole, le flétan, le sprat, le hareng, la limande ou encore le merlan, d’Atlantique nord-est (mer Baltique, mer du Nord, Manche, mer Celtique, golfe de Gascogne) et Méditerranée. Il a trois objectifs :
Comprendre les habitats physiques (par exemple un optimum de température) de ces espèces, qu’elles soient exploitées ou non.
Prédire l’évolution de la distribution spatiale de ces espèces entre maintenant et 2100 dans un contexte de changement climatique. Je cherche là à savoir quelles espèces vont disparaitre, et au contraire quelles espèces vont être « gagnantes » avec le changement climatique et auront plutôt tendance à voir leurs populations augmenter.
Proposer des stratégies de pêche alternatives, adaptées aux espèces que nous prévoyons “gagnantes” avec le changement climatique.
Espères-tu que tes recherches aient des répercussions en dehors du monde scientifique ?
Ce qui a fait que le changement climatique a été reconnu et compris, ça a été le nombre d’études qui ont porté sur ces thématiques de manière indépendante dans le monde et sont arrivées à des tendances similaires. C’est encore plus compliqué avec l’écologie, car les incertitudes liées aux évolutions sont encore très fortes. Je ne pense donc pas que mon projet va sauver la biodiversité, mais je participe à un effort commun global pour essayer de comprendre comment le changement climatique va modifier les écosystèmes. Ce que je voudrais maintenant, c’est que ces recherches inspirent des politiques actuelles et permettent un changement profond du système qui rendrait à la nature sa place centrale.
Qu’est-ce que le Cesab t’a apporté dans le cadre de ces recherches ?
Le projet Maestro analyse des données qui ont commencé à être récoltées en 1960, et par une trentaine de pays différents. Le Cesab apporte le cadre pour la mise en commun de tous ces jeux de données et des méthodes adaptées à leur analyse. Personnellement, le Cesab m’apporte aussi des ressources matérielles pour travailler et un appui scientifique très fort. C’est aussi un cadre de travail dynamique et motivant, qui fait que je suis toujours heureuse d’aller travailler le matin.
Auber A, Waldock C, Maire A, Goberville E, Albouy C, Algar AC, McLean M, Brind’Amour A, Green AL, Tupper M, Vigliola L, Kaschner K, Kesner-Reyes K, Beger M, Tjiputra J, Toussaint A, Violle C, Mouquet N, Thuiller W & Mouillot D (2022) A functional vulnerability framework for biodiversity conservation. Nature Communications, 13, 4774. doi: https://doi.org/10.1038/s41467-022-32331-y.
Claudet J, Ban NC, Blythe J, Briggs J, Darling E, Gurney GG, Palardy JE, Pike EP, Agostini VN, Ahmadia GN, Campbell SJ, Epstein G, Gill D, Himes-Cornell A, Jonas HD, Jupiter SD, Mangubhai S & Morgan L (2022) Avoiding the misuse of other effective area-based conservation measures in the wake of the blue economy. One Earth, 5, 969–974. doi: https://doi.org/10.1016/j.oneear.2022.08.010.
Scholte P (2022) More is not enough: Central Africa and the proposed 30% protected and conserved areas by 2030. Oryx, 56, 810–811. doi: https://doi.org/10.1017/S0030605322001090.
[Equipe Cesab]
Ariza A, Lengaigne M, Menkes C, Lebourges-Dhaussy A, Receveur A, Gorgues T, Habasque J, Gutiérrez M, Maury O & Bertrand A (2022) Global decline of pelagic fauna in a warmer ocean. Nature Climate Change, 12, 928–934. doi: https://doi.org/10.1038/s41558-022-01479-2.
Receveur A, Poulet L, Dalmas B, Gonçalves B & Vernay A (2022) Citizen science: How to extend reciprocal benefits from the project community to the broader socio-ecological system. Quantitative Plant Biology, 3, e20. doi: https://doi.org/10.1017/qpb.2022.16.
