[Colloque scientifique] Retour sur le congrès international de la Société française d’écologie et évolution (SFE2)
La FRB était présente au congrès international de la Société française d’écologie et évolution (SFE2) pour présenter les résultats de différents travaux de recherche portés par la Fondation.
Cette semaine a eu lieu le congrès international de la Société française d’écologie et évolution, un événement bisannuel réunissant les communautés scientifiques du monde entier travaillant sur ces domaines transdisciplinaires. Au programme de cette année, différentes conférences, sessions, symposiums et autres événements annexes sur des thématiques telles que l’écologie urbaine, aquatique et évolutive ou encore la santé. Les sujets présentés par la FRB lors de cet événement international étaient divers : réponses des communautés animales et végétales aux changements environnementaux, effets de l’urbanisation et des espèces invasives, déclin de biodiversité, perte de services écosystémiques et conséquences pour les sociétés humaines, etc.
En mettant en lumière les interactions complexes entre espèces et perturbations humaines, ces présentations offrent des perspectives précieuses pour améliorer la gestion de la biodiversité et renforcer la résilience des écosystèmes face aux défis actuels. Retour sur ces travaux de recherche !
Dans le cadre du projet de recherche « Impact des activités humaines sur la biodiversité : Quels risques liés à la perte des bénéfices que nous retirons de la nature ? » co-construit avec la Fondation Crédit mutuel Alliance Fédérale, Louise Dupuis et Cécile Jacques, chargées de mission scientifique à la FRB sont venues présentées au congrès les résultats d’une étude ayant pour objectif d’identifier les liens directs entre pratiques agricoles, impacts sur la biodiversité et les services écosystémiques et conséquences pour les sociétés humaines. En effet, bien qu’il existe de nombreuses études sur les effets de l’agriculture sur la biodiversité et les services écosystémiques de manière indépendante, d’importantes lacunes de connaissances persistent pour établir un lien explicite entre les risques d’externalités négatives et la perte de biodiversité sur les sociétés humaines causée par diverses pratiques agricoles. Cette étude vise à mettre en évidence les externalités négatives autres qu’économiques, telles que les dégâts sociaux de la pollution de l’eau due à l’utilisation de pesticides ou la perte de bien-être des personnes vivant à proximité de terres cultivées de manière intensive, afin d’éclairer les décideurs dans la mise en place de politiques publiques transformatrices. + d’infos
Miriam Beck, post-doctorante du projet Cesab “Impacts”, a abordé la question globale des changements de biodiversité au fil du temps. À travers sa présentation sur la détection des changements de diversité à différentes échelles, Miriam a analysé l’évolution des communautés d’oiseaux en France sur le long terme grâce à des approches macroécologiques. Son étude a révélé l’influence de la variation de l’équité des espèces et de l’agrégation spatiale sur les changements de diversité aux niveaux local et régional. Ce travail contribue à une meilleure compréhension des mécanismes sous-jacents aux changements de biodiversité, en intégrant des perspectives à la fois taxonomiques et fonctionnelles. + d’infos
Chloé Vagnon, post-doctorante du projet Cesab “Food-webs“, s’est intéressée aux conséquences des changements environnementaux globaux sur la synchronie entre différents milieux naturels. Elle a introduit le concept de synchronie écosystémique pour mesurer l’impact spatio-temporel des perturbations sur le fonctionnement global. Ses travaux ont montré que l’eutrophisation, le réchauffement et la surexploitation des prédateurs désynchronisent les variations des concentrations d’oxygène dissous dans les lacs, tout en révélant des mécanismes de compensation ou d’effet additif selon les combinaisons de facteurs. Cette approche innovante permet de mieux anticiper les changements des régimes naturels et d’identifier des signaux précoces d’altérations fonctionnelles. En intégrant ces connaissances, elle ouvre la voie à une gestion proactive des impacts environnementaux, offrant des bases solides pour préserver les services rendus par ces milieux. + d’infos
Cette perspective temporelle et écosystémique présentée ci-dessus a été complétée par Clara Marino, post-doctorante du projet Cesab “Rivage”, en approfondissant l’impact des invasions biologiques. Clara a proposé un cadre d’évaluation de la vulnérabilité des vertébrés terrestres face aux espèces exotiques envahissantes (EEE). Cette évaluation combine exposition, sensibilité et capacité d’adaptation pour identifier les zones à forte vulnérabilité face aux invasions biologiques. L’étude a mis en évidence des zones critiques pour les oiseaux, mammifères et reptiles, notamment en Amérique du Nord, en Europe occidentale, en Australie et en Afrique du Sud. Ces résultats fournissent des bases solides pour orienter les priorités de conservation et mitiger les impacts des invasions biologiques. + d’infos
La discussion sur les réponses des écosystèmes aux perturbations s’est ensuite tournée vers les milieux marins, avec la présentation de Cassie Speakman, post-doctorante du projet Cesab “Discar”. Cassie a exploré la vulnérabilité des otaries à fourrure australiennes (Arctocephalus pusillus doriferus) face aux fluctuations des ressources alimentaires et aux risques de mortalité en mer. Un modèle théorique a été développé pour examiner les réponses comportementales et démographiques des otaries face à ces changements. Les résultats montrent que la disponibilité des proies affecte fortement les abandons de jeunes et la proportion de femelles simultanément gestantes et allaitantes. De plus, les risques accrus de mortalité en mer entraînent une perte importante de jeunes femelles, soulignant ainsi la vulnérabilité de cette population aux modifications rapides de l’environnement marin. + d’infos
Toujours dans le domaine de l’impact humain sur les écosystèmes, Michela Busana, post-doctorante du projet Cesab “Acoucène”, s’est penchée sur les réponses des communautés d’oiseaux à l’urbanisation et au bruit en France. Son étude a analysé la composition et la diversité acoustique des communautés d’oiseaux pour comprendre l’impact de la pollution sonore. Les résultats montrent que les zones les plus exposées au bruit anthropique présentent une diversité acoustique réduite, avec des modifications des dynamiques de communauté. Ces résultats appellent à intégrer des stratégies d’aménagement urbain pour atténuer les impacts du bruit sur les oiseaux et favoriser la restauration des habitats. + d’infos
Enfin, Andrew Helmstetter, post-doctorant du projet Cesab “DiveRS” et “IndicatoRS”, a complété cette réflexion en explorant les stratégies reproductives des plantes à fleurs. En utilisant un ensemble de traits floraux et biologiques pour plus de 360 espèces réparties dans 170 familles, son étude a identifié trois grandes stratégies reproductives associées à des combinaisons de traits évoluant ensemble de manière récurrente. Ces résultats mettent en évidence l’importance des traits liés à la pollinisation, souvent négligés dans les études d’écologie fonctionnelle, pour mieux comprendre l’écologie et l’évolution des systèmes de reproduction végétale.
- Quels liens directs entre pratiques agricoles, impacts sur la biodiversité et les services écosystémiques et conséquences pour les sociétés humaines ?
- Détection des changements de diversité à différentes échelles.
- Effets des changements environnementaux globaux sur la synchronie des écosystèmes.
- Cadre d'évaluation de la vulnérabilité des vertébrés terrestres face aux espèces exotiques envahissantes.
- Vulnérabilité des otaries à fourrure australiennes (Arctocephalus pusillus doriferus) face aux fluctuations des ressources alimentaires et aux risques de mortalité en mer.
- Réponses des communautés d'oiseaux à l'urbanisation et au bruit en France.
- Stratégies reproductives des plantes à fleurs.