Les sites Natura 2000 ont-ils aussi un impact sur les espèces d’oiseaux et de papillons non ciblées ?
À l’heure où la France s’apprête à protéger 30 % de son territoire d’ici 2022, une équipe de recherche s’est intéressée à l’efficacité du réseau européen Natura 2000. Ce dernier est l’un des plus grands réseaux internationaux de sites désignés pour protéger un certain nombre d’habitats et d’espèces, établi à partir des directives européennes oiseaux et habitats-faune-flore. En garantissant la protection d’un ensemble prédéterminé d’espèces, il est estimé que d’autres espèces non ciblées peuvent bénéficier des mêmes protections. Or, cela n’a pourtant jamais été démontré à l’échelle européenne, jusqu’à une étude récente menée par une équipe internationale de 40 chercheurs de 37 instituts européens.
Cette équipe internationale, coordonnée par le European Topic Center on Biological Diversity (ETC/BD), a réalisé un travail de synthèse conséquent, en parti financé par la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) dans son Centre de synthèse et d’analyse sur la biodiversité (Cesab), et par le groupe Electricité de France (EDF).
L’équipe de recherche a analysé des données recueillies dans plusieurs pays européens au cours d’enquêtes de sciences participatives – des programmes de surveillance à long terme basés sur le volontariat. Au total, 14 programmes de suivi d’oiseaux et 6 programmes de suivi de papillons ont été comparés au réseau de sites protégés.
L’étude montre qu’au-delà des espèces ciblées, la moitié des 155 espèces d’oiseaux suivis bénéficient de la protection des sites Natura 2000, et particulièrement dans les forêts. Les chercheurs soulignent ici l’importance d’un suivi standardisé de la biodiversité et l’intérêt de rendre ces données disponibles afin d’évaluer l’état de la biodiversité à grande échelle et d’informer au mieux les acteurs des besoins de conservation.
Si la protection s’avère efficace pour les oiseaux, elle l’est en revanche moins pour les papillons. En effet, les sites Natura 2000 prennent avant tout en compte les exigences des oiseaux et peu celles des insectes. « 38 % des aires protégées sont des zones agricoles et des prairies fréquentées par les papillons » souligne Guy Pe’er, porteur du projet Cesab Lola BMS. « Or ceux-ci n’y bénéficient pas d’une bonne protection. La PAC (Politique agricole commune) n’a mis en place ni moyens ni plan de gestion pour soutenir les zones agricoles abritant pourtant une grande biodiversité». Guy Pe’er met aussi en avant le besoin « de cibler les efforts pour limiter les facteurs de pressions sur la biodiversité, et notamment l’agriculture », particulièrement cette année où sera discuté la réforme de la PAC et les objectifs post-2020 pour la CDB (Convention sur la diversité biologique).
Interview des chercheurs possible sur demande :
> Vincent Pellissier (en français) – MNHN
> Guy Pe’er, porteur du projet LOLA-BMS (en anglais) – iDiv
Toutes les informations sur le Cesab : www.fondationbiodiversite.fr/la-fondation/le-cesab/
Suivre les actualités du projet LOLA-BMS : https://www.fondationbiodiversite.fr/la-frb-en-action/programmes-et-projets/le-cesab/lola-bms/
Financeurs
FRB-Cesab, EDF, European Environment Agency, Aarhus University Research Foundation, Academy of Finland, Swedish Environmental Protection Agency, MINECO, Czech Science Foundation
Partenaires
Sorbonne Université, Muséum national d’Histoire naturelle-CNRS-UPMC, UMR7204-CESCO (France), Aarhus University (Danemark), Centre for Ecology & Hydrology (Royaume-Uni), UFZ-Helmholtz Centre for Environmental Research (Allemagne), German Centre for Integrative Biodiversity Research (iDiv) Halle-Jena-Leipzig (Allemagne), Finnish Environment Institute (Finlande), Finnish Museum of Natural History (Finlande), DOF-BirdLife (Danemark), British Trust For Ornithology (Royaume-Uni), School of Biological Sciences (Royaume-Uni), Institute for Environmental Studies (République tchèque), Palacký University (République tchèque), Museu de Ciències Naturals de Granollers (Espagne), BirdLife Austria, (Autriche), UMS 2006 PatriNat AFB, CNRS, Muséum national d’Histoire naturelle (France), Dachverband Deutscher Avifaunisten (Allemagne), Statistics Netherlands (Pays-Bas), Dutch Butterfly Conservation and Butterfly Conservation Europe (Pays-Bas), Institute for Water and Wetland Research (Pays-Bas), Czech Society for Ornithology (République tchèque).