Les politiques de conservation de la biodiversité en quête de légitimité : cas des parcs nationaux français
Référence de l’article : I. Arpin, A. Cosson, Seeking legitimacy in European biodiversity conservation policies: The case of French national parks, Environmental Science & Policy, Vol. 116, February 2021, Pages 181-187, https://doi.org/10.1016/j.envsci.2020.11.011
Synthèse : Hélène Soubelet, directrice de la FRB
Relecture : Isabelle Arpin, sociologue au Laboratoire des écosystèmes et des sociétés en montagne (LESSEM), au centre INRAE de Grenoble, et membre du Conseil scientifique (CS) de la FRB et Julie de Bouville, experte en communication
Malgré la publication de rapports de plus en plus alarmants sur l’état de la biodiversité, la légitimité des politiques de conservation reste fragile, même dans le cas d’outils de conservation anciens et renommés, tels que les parcs nationaux qui ont été contestés et dont les promoteurs doivent régulièrement justifier l’existence.
Cette publication documente et analyse la manière dont les gestionnaires des parcs nationaux ont cherché à légitimer ces espaces en France et ont identifié deux types principaux de légitimité : la légitimité substantielle, avec la science et le droit comme piliers majeurs, et la légitimité procédurale. La première est profondément ancrée dans la tradition française et a façonné le fonctionnement des parcs nationaux au cours de leurs premières décennies d’existence ; la seconde est arrivée tardivement dans les parcs nationaux français et a été fortement influencée par la publication des lignes directrices européennes relative à l’essor des processus participatifs.
Cette publication ne démontre qu’aucune de ces deux légitimités n’est suffisante seule Les parcs nationaux n’ont donc pas d’autre choix que de les combiner sous des formes diverses et avec différents niveaux de succès. L’étude a aussi permis d’éclairer le rôle des scientifiques dans l’évolution de cette légitimité des parcs ainsi que dans la circulation, au niveau européen, de l’information, de l’expertise et de certaines innovations comme l’adoption de la notion de solidarité écologique proposée par des scientifiques français. Les auteurs montrent que, même si la légitimité reste fragile, les tentatives pour surmonter ces tensions et pour combiner les sources de légitimité ont varié d’un parc à l’autre ont généré des innovations intéressantes, comme les bioblitzs, des inventaires naturalistes participatifs.
Cette étude contribue également à expliquer la non-linéarité des politiques de conservation qui sont loin d’être simplement mises en œuvre dans les États membres en remplacement ou en complément des systèmes nationaux existants.
La synthèse est disponible dans les ressources téléchargeables.