Pour « vivre en harmonie avec la nature », intégrons au moins 20 % d’habitats natifs dans les paysages gérés
Référence de l’article :Lucas A. Garibaldi et al. (2020), Working landscapes need at least 20% native habitat, Conservation Letters. https://doi.org/10.1111/conl.12773
Synthèse par : Hélène Soubelet et Aurélie Delavaud
Relectures par : Denis Couvet et Pauline Coulomb
« Vivre en harmonie avec la nature », c’est l’objectif fixé par le cadre mondial de la biodiversité, adopté à Montréal lors de la 15e conférence des parties de la Convention sur la diversité biologique (CDB).
À travers les 23 cibles à atteindre, le cadre propose de s’appuyer sur un indicateur de l’état des écosystèmes : l’intégrité écologique qui a besoin d’élargir sa pertinence et de devenir opérationnel pour une meilleure appropriation par les États et parties prenantes. Un des enjeux autour de cette notion est de dépasser le postulat initial selon lequel cet indicateur ne s’appliquerait qu’aux écosystèmes naturels protégés en l’étendant aux écosystèmes gérés.
Dans une étude publiée en 2020, Garibaldi et al. préconisent que, pour aller vers de meilleures synergies entre utilisation et conservation de la nature, les habitats natifs doivent constituer au moins 20 % de la superficie des écosystèmes gérés, notamment agricoles. Cet objectif peut s’inscrire dans des objectifs nationaux comme la restauration des connectivités et l’augmentation de l’efficacité des réseaux d’aires protégées, notamment là où elles sont peu nombreuses. À travers le décryptage de cet article, présenté ici avec un focus sur la situation en France, la FRB propose une première approche invitant à questionner la notion d’intégrité pour les écosystèmes gérés. Un préambule à la parution d’un travail plus vaste mené sur la notion d’intégrité par la FRB et son Conseil scientifique, à découvrir à la rentrée !
Les messages-clés de la publication
- Outre des avantages pour la sécurité alimentaire, atteindre un objectif minimal de 20 % d’habitats natifs dans les paysages gérés présente des avantages pour les services de régulations, les diverses contributions de la nature aux humains, la connectivité et l’efficacité des réseaux d’aires protégées.
- La conservation et la restauration d’habitats natifs sont techniquement possibles sans perte de production, agricole notamment. Elles sont également complémentaires aux efforts visant à étendre et établir des zones protégées.
- En France, plusieurs éléments peuvent contribuer très concrètement à atteindre l’objectif proposé des 20 % d’habitats natifs, parmi lesquels la plantation de haies.
- La mise en place d’une stratégie de restauration et de conservation d’habitats natifs est tout à fait possible et fortement souhaitable. Elle nécessite néanmoins une coordination entre les gouvernements, les propriétaires, les gestionnaires fonciers, les entreprises et les organisations issues de la société civile. Le rôle des pouvoirs publics, par l’adoption de politiques et de législations pertinentes, est essentiel.