Une science de la conservation qui franchit la frontière entre la connaissance et l’action
Référence de l’article : Carly N. Cook et al.,. (2013). Achieving Conservation Science that Bridges the Knowledge-Action Boundary. Conservation Biology (27)4, 669-678. DOI : 10.1111/cobi.12050
Auteur : Aurélie Delavaud
Relecture : Aurélien Besnard ; Pauline Coulomb ; Hélène Soubelet
Mobiliser la science pour informer les politiques et les pratiques de conservation soulève de nombreux obstacles. Les chercheurs doivent balancer l’objectif d’une science pertinente pour la gestion avec l’impératif d’en démontrer la nouveauté et la rigueur. Pour les décideurs, le désir de fonder leurs décisions sur les connaissances et l’évidence scientifique doit s’équilibrer avec la nécessité d’agir malgré l’incertitude.
Générer une science qui informe effectivement les décisions de gestion exige ainsi que la production de l’information (ce qui constitue la connaissance) remplisse les trois critères d’être à la fois :
1. Pertinente (notable, intéressante pour la décision et opportune, fournie au moment où elle est nécéssaire) ;
2. Crédible (faisant autorité, digne de confiance) ;
3. Légitime (élaborée par un processus tenant compte des valeurs et des perspectives des parties prenantes) – aussi bien pour les chercheurs que pour les décideurs.
Pour cela, trois difficultés sont à surmonter :
1. Premièrement, les communautés de recherche et de gestion peuvent avoir des perceptions contrastées de l’importance d’une recherche.
2. Deuxièmement, la volonté de crédibilité scientifique peut s’effectuer au détriment de la pertinence et de la légitimité aux yeux des décideurs.
3. Troisièmement, différents acteurs (politiques, scientifiques, etc.) peuvent avoir des points de vue contradictoires sur ce qui constitue une information légitime.
Au travers de cet article, les auteurs mettent en évidence quatre cadres institutionnels qui peuvent faciliter un processus scientifique informant la gestion :
- les organisations environnementales d’interface, situées à la frontière entre la science et la gestion ;
- les agences de moyens au profit de la conservation qui intègrent des chercheurs ;
- les institutions de recherche qui établissent des liens formels entre décideurs et chercheurs ;
- les programmes de formation pour les professionnels de la conservation.
Bien que ces cadres ne soient pas les seuls à permette à la science de dépasser la frontière entre connaissance et action, ni qu’ils soient exclusifs les uns des autres, ils constituent des moyens efficaces de communication, de traduction et de médiation.
En dépit des défis à relever, les sciences de la conservation doivent s’efforcer d’être des « sciences de l’interface » qui font progresser la compréhension scientifique et contribuent à la prise de décision.
Dans un monde où les résultats des recherches scientifiques sont nombreux et complexes, où les spécialistes sont invités à s’exprimer souvent et portent des messages parfois contradictoires, le choix de la méthode d’expertise, et donc de la façon dont les connaissances sont mobilisées et analysées est crucial. L’OFB et la FRB ont rédigé un guide pratique.
Guide des méthodes d’expertise et de leur mobilisation
BiodivERsA a développé un guide pratique (en anglais) pour l’engagement des parties prenantes dans les projets de recherche. Études de cas et littérature fournissent des conseils simples et clairs pour identifier les opportunités et les risques associés à l’engagement des parties prenantes, les difficultés à surmonter, les processus qui renforcent l’inclusivité, la légitimité et la pertinence sociétale des recherches scientifiques.
Stakeholder Engagement Handbook