Mobilis
Réconcilier production agricole et protection de la biodiversité
Contexte
Les paysages agricoles français abritent une biodiversité remarquable, dont les oiseaux des champs représentent un bon indicateur. Les modifications des pratiques agricoles (intensification de l’agriculture) et de l’occupation des sols qui en découle, ainsi que la demande croissante en nourriture, en bois et en bioénergie menacent les oiseaux des champs, dont les populations sont en déclin. D’où la nécessité de réconcilier la production agricole et la protection de la biodiversité.
Questions
Comment réagissent les indicateurs de biodiversité comme les communautés d’oiseaux à différents scénarios d’occupation des sols et de climat ? Quels sont les scénarios d’occupation des sols les plus performants tant d’un point de vue économique que pour la biodiversité ? Quels nouveaux scénarios et politiques publiques favoriseraient la viabilité économique et écologique dans un contexte de changement climatique ?
Méthodes
Calibration de modèles spatio-temporels multi-échelles à partir de différentes sources :
- Teruti (occupation des sols)
- Inventaire Forestier National de l’IGN (informations sur les forêts)
- Observatoire du Développement Rural (ODR) de l’INRA (données agricoles)
- Travaux de l’Institut Pierre Simon-Laplace (IPSL) (scénarios climatiques)
- Programme STOC (dynamique des populations de 35 espèces d’oiseaux)
- Ministère chargé de l’agriculture (prix des terres de 620 petites régions agricoles)
- Simulations, avec des scénarios climatiques et d’occupation des sols existants, des dynamiques de populations d’oiseaux et de l’économie (modèles micro-économiques)
- Élaboration et test de nouveaux scénarios pour identifier ceux qui présentent les meilleurs résultats à la fois pour la biodiversité et pour l’économie
Résultats
Si l’occupation des sols ne varie pas par rapport à 2008 (scénario “laisser faire”), avec un climat constant, le déclin observé ces dernières années se poursuivra jusqu’en 2050, en particulier pour les espèces spécialistes avec un “laisser faire” pour l’occupation des sols et un scénario climatique probable (SRES A1B du Giec), la biodiversité des oiseaux ne pourra pas se rétablir. Une amélioration transitoire sur les deux prochaines décennies pourra avoir lieu, mais cela précèdera un effondrement à l’horizon 2050 entre l’occupation des sols et les changements climatiques, c’est ce second facteur qui impactera le plus les oiseaux au long terme l’aversion au risque économique des agriculteurs jouera probablement un rôle positif en favorisant la diversification des occupations des sols des incitations économiques à l’échelle nationale (subventions aux prairies couplées à des taxes sur les grandes cultures) seront bénéfiques pour la biodiversité et l’économie.
Implications
Le projet MOBILIS a permis de favoriser le dialogue entre scientifiques, décideurs et porteurs d’enjeux sur la biodiversité d’un point de vue méthodologique, il ouvre la voie à des approches, modèles et scénarios intégrant de nombreux services écosystémiques le projet a abouti à des propositions concrètes en termes de politiques publiques et d’incitations à la diversification du côté de l’agriculture.
Porteur du projet:
Luc DOYEN – CNRS (France)