Biodiversité et espèces exotiques envahissantes
Le prix Jeunes chercheur Cos-FRB Biodiversité et espèces exotiques envahissantes a été remis à Sarah Bouchemousse (CNRS, Sorbonne Université) pour son travail sur “Les espèces introduites : des acteurs majeurs des changements contemporains de la biodiversité”
Sarah Bouchemousse a été récompensée par Colas. Elle explique ci-dessous ses travaux et projets.
Les espèces introduites : des acteurs majeurs des changements contemporains de la biodiversité
Les espèces exotiques envahissantes sont l’une des menaces les plus sérieuses pour la préservation de la biodiversité, au même titre que les changements climatiques. Or, les processus participant à leur installation durable restent peu connus. Ces lacunes de compréhension m’ont conduite à développer des recherches sur les introductions biologiques par des approches éco-évolutives. Mes travaux de doctorat, menés à la station biologique de Roscoff, l’illustrent : j’ai étudié les mécanismes à l’origine de l’installation d’une espèce marine introduite à une échelle mondiale, l’ascidie Ciona robusta. Son introduction récente en Europe l’a mise en contact avec une congénère indigène, C. intestinalis. Cette situation particulière m’a amenée à étudier une question rarement posée en milieu marin : l’hybridation entre ces deux espèces pourrait-elle avoir lieu et favoriser le succès d’introduction de C. robusta ? En combinant écologie de terrain, écologie expérimentale au laboratoire et génétique des populations, j’ai montré un très fort potentiel d’hybridation entre les deux espèces. Néanmoins, la présence de barrières reproductives en milieu naturel suggère que leur coexistence serait régulée par des processus écologiques plutôt qu’évolutifs.
Actuellement, je poursuis mes recherches à l’Université de Fribourg, où j’étudie les risques de l’utilisation d’agents de contrôle biologique en milieu terrestre, un autre enjeu important de la relation entre espèces introduites et biodiversité.
Colas est leader mondial des travaux publiques. Présent dans plus de cinquante pays et spécialisé dans l’entretien, la réfection et la construction d’infrastructures de transport de tous types, Colas est également un gros producteur de matériaux de travaux publics : extraction de granulats, recyclage de matériaux de déconstruction, production de béton et d’enrobés bitumineux, formulation de peintures et de résines, etc.
À travers ses différents métiers, Colas a identifié différents enjeux de biodiversité :
- Dans ses carrières et gravières, Colas crée par son activité-même des disruptions dans l’écosystème d’origine (en général très ordinaire, sinon l’activité d’extraction ne serait pas autorisée), lesquelles constituent autant de niches écologiques pour des espèces pionnières intéressantes, voire remarquables. Afin d’optimiser ces opportunités, Colas engage un travail d’observation et de développement avec des scientifiques de terrain : aujourd’hui plus de 50 % de l’activité granulats de Colas dans le monde est couverte par ce type de démarche,
- Dans son activité de travaux, Colas se trouve être parfois, à travers ses mouvements de terre de proximité (quelques dizaines de kilomètres), un propagateur involontaire d’espèces exotiques envahissantes, tout particulièrement végétales. Aujourd’hui, le problème n’est pas maitrisé pour les dizaines de milliers de petits chantiers qui constituent l’activité de Colas dans le monde et Colas engage un dialogue avec les communautés scientifiques pour progresser dans la prévention de ce problème.