Les conditions environnementales extrêmes réduisent la biodiversité et la productivité des poissons des récifs coralliens
Référence de l’article : Brandl, S.J., Johansen, J.L., Casey, J.M. et al. Extreme environmental conditions reduce coral reef fish biodiversity and productivity. Nat Commun 11, 3832 (2020). https://doi.org/10.1038/s41467-020-17731-2.
Synthèse : Marie-Claire Danner, chargée de communication pour le Cesab et responsable scientifique au sein de la TSU (Unité de Support Technique) de l’évaluation Ipbes sur l’usage durable des espèces sauvages
Relecture : Elodie Milleret, chargée de mission scientifique “Mers et Océans” et “Indicateurs de biodiversité”, Claire Salomon, directrice ajointe du Cesab et chargée de développement stratégique “Mers et Océans”, Pauline Coulomb, responsable du pôle communication, Simon Brandl, post-doctorant FRB-Cesab du projet Score-Reef, et Jean-François Silvain, président de la FRB.
Pourquoi trouve-t-on certaines espèces dans un milieu donné alors que d’autres, qui leur ressemblent, en sont absentes ? Comment l’assemblage des espèces présentes affecte les dynamiques des processus écologiques de ce milieu ?
Ce sont à ces questions cruciales pour la conservation de la biodiversité et des services écosystémiques qu’a souhaité répondre une équipe de chercheurs, dont les résultats ont été publiés dans Nature communications le 31 juillet 2020. Plus précisément, leur étude s’est intéressée aux organismes tropicaux ectothermes1 considérés comme vulnérables aux changements environnementaux. En effet, les effets de ces changements, notamment sur l’assemblage et le fonctionnement des communautés de poissons des récifs coralliens, sont aujourd’hui encore largement méconnus. L’équipe de recherche a donc étudié les différentes caractéristiques des poissons de récifs cryptobenthiques2 vivant dans les récifs coralliens les plus chauds et extrêmes du monde situés dans le sud du golfe Persique3 et ceux voisins, mais un peu plus cléments, du golfe d’Oman.
Malgré une composition benthique et une couverture corallienne comparables, cette étude révèle que le nombre d’espèces de poissons du golfe Persique est divisé par deux et le nombre d’individus de ce même golfe par quatre, par rapport à celui d’Oman. Cette importante différence semble être due à des carences énergétiques chez les poissons : la disponibilité des proies est différente dans les environnements extrêmes, les températures y sont plus élevées et affectent par exemple la disponibilité en oxygène dans l’eau, etc. Des conditions environnementales plus difficiles, telles qu’attendues pour la fin du 21e siècle, pourraient donc fortement perturber la structure et la productivité des poissons de récifs coralliens indépendamment du déclin des récifs coralliens.
[1] Les animaux ectothermes sont ceux qui ne produisent pas de chaleur interne (insectes, reptiles, poissons, etc.).
[2] Les poissons cryptobenthiques sont ceux vivant cachés sur les fonds marins (du latin crypto : « se cacher » et benthos : fond, profondeur).
[3] L’article réfère au golfe Arabique ou Arabo-Persique mais les auteurs de la synthèse ont choisis d’utiliser le terme choisi par l’ONU, à savoir golfe Persique
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