Pour sauver les baleines, levez les yeux vers le ciel
Référence de l’article : Sèbe, M., & Gourguet, S. (2022). To save whales, look to the sky. Proceedings of the National Academy of Sciences, 119(1), e2121360119. doi : https://doi.org/10.1073/pnas.2121360119
Synthèse : Hélène Soubelet, directrice de la FRB
Relecture : Maxime Sèbe, chercheur postdoctoral à l’École Polytechnique et Sophie Gourguet, chercheuse à l’Ifremer
Dans un article d’opinion paru dans le journal Pnas, le chercheur Maxime Sèbe et la chercheuse Sophie Gourguet (UMR Amure – Ifremer) proposent de s’inspirer des dispositifs anticollisions mis en place dans le cas du trafic aérien pour mieux préserver les baleines au niveau mondial.
Les populations de baleines sont menacées par de nombreux facteurs de pression comme le bruit anthropique, la pollution, la chasse dans certaines régions du monde, mais surtout les enchevêtrements accidentels dans les engins de pêche et les collisions avec les navires. On estime à plusieurs milliers par an le nombre d’individus morts par collision dans le monde (sur la seule côte ouest des États-Unis, les collisions tuent environ 80 baleines par an).
Alors que des mesures simples, comme des dispositifs de séparation du trafic maritime, sont connues depuis plusieurs années et pourraient réduire ces dommages, celles-ci ne sont pas encore systématisées.
S’intéresser au ciel pour mieux comprendre ce qui se passe dans les océans, cela peut paraître étonnant, et pourtant. Dans les deux cas, les collisions se produisent dans un espace tridimensionnel. Les actions proactives sont donc cruciales pour prévenir les mortalités résultant de collisions. En effet, bien que oiseaux et baleines pourraient théoriquement éviter les avions ou les bateaux, des études ont montré que les animaux ne détectent pas nécessairement les véhicules venant en sens inverse. De même, les avions ou les bateaux ne détectent pas les animaux en raison de l’environnement tridimensionnel : l’angle de vue des pilotes est limité et la maniabilité des gros bateaux ou avions est faible.
Malgré ces similitudes, les principales motivations pour éviter ces collisions sont différentes. Dans le cas des avions, les collisions peuvent être mortelles à la fois pour les oiseaux, l’équipage et les passagers de l’avion. La priorité est donc ici la sécurité des humains et a conduit l’industrie aéronautique à adopter des solutions standardisées et proactives au cours des dernières décennies.