Réflexion sur des mesures transformatrices pour la transition agricole
Opinion écrit par : Hélène Soubelet (directrice générale de la FRB), Robin Goffaux (chargé de mission scientifique FRB), Thomas Perrot (post-doctorant FRB), Denis Couvet (président de la FRB)
Dans un contexte où l’usage des pesticides est controversé, il parait important de s’accorder sur une vision commune autour d’une évolution nécessaire des systèmes agro-alimentaires.
Certaines pratiques mises en œuvre au sein du système alimentaire contribuent à des problèmes de santé publique et à la perte de biodiversité. Fournir une alimentation en quantité et qualité nutritionnelle suffisantes à des prix accessibles pour tous et toutes est un enjeu collectif partagé.
L’objet de cette note est de discuter des enjeux de politiques publiques, d’identifier les verrous et les leviers, de donner des clés pour initier un « changement transformateur » sur la question des pesticides en France, et plus généralement sur les mesures de la transition agricole et écologique.
L’usage des pesticides en Europe est un des éléments d’un triptyque socio-technique composé de la culture sélective des plantes, des intrants de synthèse et de l’utilisation de machines agricoles. Ces éléments sont interdépendants : changer un élément, tel que les pesticides, est donc difficile et impliquerait un changement transformateur des différents éléments du système.
Les messages-clés
Pour pouvoir opérer ce « changement transformateur », plusieurs pistes sont creusées dans ce document :
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Réajuster par des subventions différentiées, les prix des produits alimentaires en fonction de leurs impacts. Le prix est le principal critère d’achat des consommateurs, il est important de rétablir le juste prix de l’alimentation, intégrant les externalités comme la pollution. Cela permettrait de ne pas inciter les plus défavorisés à consommer les produits les plus riches en pesticides, impactant la santé des humains et des écosystèmes.
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Encourager les pratiques favorables à la biodiversité, à la santé humaine et à la protection des ressources naturelles par des subvention aux pratiques vertueuses permettant de rendre la transition agricole économiquement viable. La déconnexion entre la rémunération et les impacts sur la santé et la biodiversité constitue un cercle vicieux qui diminue la résilience des agriculteurs et affecte la santé globale.
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Ne pas considérer seulement l’indicateur rendement et réfléchir à la viabilité économique et à la résilience des exploitations utilisant la régulation biologique comme la lutte contre les ravageurs. Le risque de perte de rendement en réduisant les pesticides peut constituer un obstacle majeur au changement de pratique. Or diminuer les pesticides n’est pas toujours synonyme de baisse de rendement, mais permet toujours de réduire les charges des exploitations, avec souvent de meilleures marges brutes.
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Mettre en place un affichage environnemental clair sur les produits alimentaires pour mieux informer les consommateurs aux impacts écologiques et sanitaires de leur alimentation, réduisant ainsi les risques d’exposition aux pesticides.
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Préserver l’intégrité des écosystèmes dans les paysages agricoles est essentielle pour la résilience des cultures. Des incitations pour diversifier la végétation intra-parcellaire, complexifier les paysages, favoriser son intégrité écologique et sa multifonctionnalité sont indispensables.