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Biodiversité, eau, alimentation, santé, climat : tout est lié !

À l’occasion de ce lancement, la Fondation pour la recherche sur la biodiversité (FRB) a choisi de mettre en avant, en s’appuyant sur des articles scientifiques majeurs publiés ces dernières années, la chaîne de causalité qui relie ces différents domaines. Comment la disparition des chauves-souris aux États-Unis a-t-elle entraîné une augmentation de la mortalité infantile ? Pourquoi le gaspillage alimentaire, aujourd’hui troisième plus grand émetteur de gaz à effet de serre après la Chine et les États-Unis, a-t-il un impact environnemental majeur ? Comment la gestion de l’eau à l’échelle mondiale menace-t-elle à la fois la biodiversité aquatique et les écosystèmes terrestres ? Ou encore, pourquoi la menace que fait peser le changement climatique sur les coraux compromet-elle les services cruciaux qu’ils fournissent, notamment la sécurité alimentaire ? 

  

Ces exemples illustrent comment les crises liées au changement climatique, à la biodiversité, à l’eau, à la santé et à l’alimentation sont indissociables. Chacune de ces dimensions est une pièce du puzzle qui façonne notre avenir. Il est devenu essentiel de comprendre que les perturbations dans l’une d’entre elles entraînent des répercussions immédiates sur les autres. 

 

 

Les chauves-souris en déclin : une cascade de conséquences économiques, agricoles et sanitaires 

 

La disparition des chauves-souris au nord des États-Unis provoque des effets en chaîne sur l’agriculture, l’économie et la santé publique. Leur rôle crucial dans la régulation des insectes est irremplaçable : sans elles, les agriculteurs ont intensifié l’utilisation d’insecticides, bien moins efficaces. Résultat : une baisse de la qualité des récoltes, une perte de 28,9 % des revenus agricoles (26,9 milliards de dollars) et des conséquences délétères sur la santé infantile. Les dommages combinés pour l’agriculture et la santé s’élèvent à 39,4 milliards de dollars. Ce lien de causalité illustre l’interdépendance entre biodiversité et bien-être humain. 

 

Article source : 

Eyal G. Franck et al. (2024) The economic impacts of ecosystem disruptions: Costs from substituting biological pest control. Science 

DOI: 10.1126/science.adg0344 

 

 

 

Gaspillage alimentaire et dégradation des ressources : l’impact caché de nos habitudes de consommation 
 

Le gaspillage alimentaire, qui comprend les pertes à différents stades de la chaîne d’approvisionnement — production, manutention post-récolte, transformation, et distribution — a des conséquences écologiques et sociales importantes. Réduire ce gaspillage de moitié permettrait de préserver 12 % des ressources mondiales en eau, diminuer les émissions de gaz à effet de serre de 4 %, et nourrir jusqu’à 1,9 milliard de personnes supplémentaires. Ces chiffres illustrent le lien de causalité entre nos habitudes de consommation, les pertes alimentaires et l’épuisement des ressources planétaires. 

 

Article source : 

Kummu et al. (2012) Lost food, wasted resources: Global food supply chain losses and their impacts on freshwater, cropland, and fertiliser use. Science of the Total Environment  

DOI: 10.1016/j.scitotenv.2012.08.092 

 

 

 

Les interconnexions vitales : l’eau douce, le climat, l’agriculture et la biodiversité et le bien être humain 

 

L’eau douce, la biodiversité, la santé humaine, le changement climatique et la sécurité alimentaire forment un réseau de relations interdépendantes. La surexploitation de l’eau pour l’agriculture entraîne une dégradation des écosystèmes aquatiques, accentuée par la pollution chimique et l’introduction d’espèces invasives. Ces pratiques contribuent au changement climatique, qui, à son tour, exacerbe la perte de biodiversité et fragilise la sécurité alimentaire. En retour, cette fragilité accroît les risques pour la santé humaine, soulignant un cercle vicieux où chaque perturbation alimente les déséquilibres globaux. 

 

Article source : 

Carpenter et al. (2011) State of the World’s Freshwater Ecosystems: Physical, Chemical, and Biological Changes. Annual Review of Environment and Resources

DOI : 10.1146/annurev-environ-021810-094524 

 

 

Du corail à la fourchette : les effets de la dégradation des récifs coraliens par le changement climatique sur la biodiversité et la sécurité alimentaire 

 

Les récifs coralliens, sous la pression croissante du changement climatique, subissent une dégradation alarmante. Ces écosystèmes abritent une biodiversité exceptionnelle et jouent un rôle essentiel dans la sécurité alimentaire, fournissant des ressources à des millions de personnes. Leur déclin entraîne une diminution des services écosystémiques, compromettant les stocks de poissons et les moyens de subsistance des communautés côtières, tout en fragilisant les équilibres environnementaux globaux. 

 

Article source : 

Hughes et al. (2017) Coral reefs in the Anthropocene. Nature 

DOI : 10.1038/nature22901 

 

 

[Fil rouge] De l’efficacité des aires marines protégées à l’identification des freins à leur mise en place

Face à cette urgence, un constat s’impose : il est impératif de protéger la biodiversité marine. Dans ce contexte, la création d’aires marines protégées (AMP) est devenue une priorité mondiale. Toutefois, leur efficacité à protéger durablement la biodiversité reste une question complexe, soulevant des interrogations sur leur mise en place, leurs statuts et leurs impacts réels. Embarquons ensemble pour un périple au fil de l’eau, à travers des articles scientifiques publiés récemment et issus, pour la plupart, de travaux permis par la FRB à travers son Cesab.

 

 

 

[FRB-Cesab] Cet été au Cesab, chercheuses et chercheurs venant des trois continents se sont rassemblés pour mieux connaître le rôle de la macrofaune des sols dans les tropiques

 

Dans le cadre du projet de recherche FaunaServices, portant sur les relations entre la biodiversité de la macrofaune du sol et la fourniture de services écosystémiques dans les néotropiques (tropiques d’Amérique centrale et du Sud), des scientifiques d’Amérique du Sud, d’Europe, et du Canada collaborent au cours de quatre sessions de travail d’une semaine, deux hébergées au Cesab, en France, et deux ayant lieu dans l’état de Sao Paulo, au Brésil. Ce partenariat permet, pour la première fois, de synthétiser les données sur les liens entre biodiversité des sols et cinq services écosystémiques majeurs rendus par les sols tels que la fertilité, la séquestration du carbone, la retenue d’eau ou encore la régulation de pathogènes et parasites.  

 

Ce partenariat unique a, en plus, bénéficié cette année d’une contribution de l’ambassade de France au Canada qui a financé la participation d’un chercheur canadien à la session de travail. Ainsi, suite à un appel à participation, Zoe Lindo, spécialiste de la biodiversité des sols et de leurs fonctions écosystémiques à l’Université d’Ontario, a pu apporter des contributions majeures au groupe. Plus particulièrement, Zoe a partagé avec le groupe son package R récemment publié qui permet de modéliser les réseaux trophiques dans les écosystèmes des sols.  

 

Cette seconde session au Cesab a donc été l’occasion de rassembler expertes et experts ayant des compétences complémentaires sur un même thème, une collaboration impossible sans le soutien des multiples partenaires du projet.