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novembre 2017  I  Inspirante biodiversité  I  FRB  I  Autres sujets

Un remède qui fait mouche pour soigner la biodiversité

La vigne marronne n’est pas qualifiée de “peste végétale” pour rien. Originaire d’Asie du Sud-Est et introduite accidentellement à la Réunion au 19e siècle, son développement aux dépens des espèces locales est en effet comparable à celui d’une infection qui se répandrait dans un organisme. En absence de prédateur, sa progression ne connaît aucune limite. Jusqu’à présent, les méthodes de lutte mises en place, principalement mécaniques ou chimiques, étaient souvent coûteuses et inefficaces…

Un remède qui fait mouche pour soigner la biodiversité Cibdela janthina / à l'état de larve (à gauche) et adulte (à droite)- © Antoine Franck / Cirad

Finalement, c’est une petite abeille tout droit venue de Sumatra qui s’est avérée être le bon remède. Cibdela janthina, dite “la mouche bleue”, a suivi depuis 1997 toute une batterie de tests menés par le Cirad, avant d’être déclarée apte à soigner la biodiversité réunionnaise. Ce petit hyménoptère a la particularité de s’attaquer exclusivement au genre Rubus, dont fait partie la vigne marronne. Suite à son introduction sur l’île en 2007, les résultats ne se sont pas faits attendre ; 700 hectares autrefois colonisés ont aujourd’hui été rendus à la nature ! La vigne marronne ne prospère désormais plus qu’au-delà de 1 200 mètres d’altitude, dans les zones difficilement accessibles pour la mouche bleue.

 

La lutte biologique contre une population envahissante s’apparente au test d’un nouveau traitement. Elle doit être étudiée, adaptée, spécifique. Parfois c’est une réussite, comme ce fut le cas pour la vigne marronne avec la mouche bleue. Dans d’autres cas, le traitement agit de la manière voulue mais entraîne des effets secondaires désastreux.

 

Être en mesure de soigner la biodiversité sans jouer au savant fou est une des ambitions du projet Coreids, développé au Cesab et porté par le chercheur en écologie François Massol et Patrice David. Il analyse à la loupe le fonctionnement des écosystèmes ; quelles sont les différentes espèces qui contribuent à leur équilibre ? Comment interagissent-elles ? Quels pourraient être les effets d’un perturbateur comme ce fut le cas avec la vigne marronne ? Tous ces éléments permettront, à terme, de mieux comprendre et anticiper les menaces qui pèsent sur la biodiversité… pour mieux prévenir et moins guérir.

Contact chercheur

François Massol,
CNRS – université de Lille 

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